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SCHÉMA

Découvrez les procédés rares de Schéma, où la photographie se fait peinture et le dessin, photographie.

Avec son fondateur, Vassili Brault, nous parlons de la notion de « temps »: celui nécessaire à la création, à la maîtrise d’une technique. Se donner le temps de rater et réessayer, d’abandonner puis revenir, et charger ainsi l’objet d’une part émotionnelle.

Schéma Paris - Collection n°1

Schéma – Collection n°1

Instinct : Bonjour Vassili, peux-tu commencer par nous en dire un peu plus sur ton background, ton identité dans ton travail ?
Vassili Brault : J’ai un parcours complexe. J’ai vécu 7 ans à New York avant de rentrer en France et je suis passé par la direction artistique et la photographie, avant de m’arrêter sur la réalisation que je vois comme une synthèse des deux, surtout en publicité.

J’ai toujours travaillé sur des projets plus personnels à côté aussi, des projets artistiques. Ce qui n’était au départ qu’une sorte de laboratoire pour mes idées, s’est mis à occuper de plus en plus de place et je suis aujourd’hui en pleine reconversion professionnelle d’une certaine manière.

Dans mon travail j’explore les possibilités du medium photographique par collage et détournement. Je travaille sur ce qui se charge et résonne par chocs, par percussion. Je cherche les collisions, les transformations, parfois spectaculaires, parfois grotesques ou drôles. Je crois que l’identité de toute chose n’est que la somme de ces télescopages, de ces imprégnations par points de passage, par points de contact.

Parfois c’est encore en suspend. Je cherche alors les médiations et tout ce qu’il peut y avoir de préexistant, de visible, comme le début d’un scenario ou les prémices d’une catastrophe en gestation, en attente de tous ses protagonistes.

 

Instinct : Quelle est la démarche derrière Schéma ? Comment l’idée est-elle née ?

Vassili Brault : Schéma est un plateforme de diffusion et d’édition photographique. Nous utilisons des procédés photographiques rares en collaboration avec des artistes contemporains pour produire des collections en édition limitée.

Le projet est né de la volonté de créer un pôle d’attraction et de diffusion de travaux de qualité, entouré par des artistes qui ont à coeur la matière, le tangible et la finalité de l’objet. Nous explorons avec eux de nouveaux territoires picturaux, repoussant nos limites et les leurs en réconciliant les méthodes d’hier avec les outils d’aujourd’hui.

De plus, notre approche est transversale, puisqu’aujourd’hui les mediums se recoupent et se confondent. On a pu voir la photographie se faire peinture, le dessin devenir photographie… De ce fait, les sujets qui forment nos collections proviennent parfois d’une variété de mediums différents même si nos méthodes de tirage sont toujours le fruit d’une réaction photosensible.

Schema Paris - Collection n°1

Schema – Collection n°1

Instinct : En quoi la notion de « temps » est-elle importante dans le parti-pris de Schéma ?
Vassili Brault : Tout d’abord, parce que certaines techniques que nous explorons sont très capricieuses. Nous sommes contraints au temps long par la nature même de certains procédés. Pour bien faire il faut y consacrer du temps, rater et réessayer, abandonner puis y revenir, jusqu’a comprendre et maîtriser la technique.

Ensuite, et cette fois c’est très personnel, parce que je pense que la charge émotionnelle d’un objet trouve sa force dans l’attention accordée à sa mise en oeuvre, à sa réalisation. Je crois qu’il y a un transfert d’emotion de la main vers l’objet. S’affranchir de la main permet de gagner du temps certes, mais c’est la garantie de perdre cette charge en conséquence.

Je sais que cet avis n’est pas partagé par tous. En tout cas c’est le notre, et c’est peut-être cela finalement, le parti-pris de Schéma.

 

Instinct : Quels savoir-faire souhaites-tu mettre en avant autant dans l’oeuvre que son support ?

Vassili Brault : Je ne suis pas sûr de pouvoir citer une chose en particulier. Mais nous sommes entourés d’artistes et d’artisans, encadreurs, tireurs qui font un travail remarquable. Nous avons pensé l’objet fini et l’approche comme un tout, tout est fait main, à Paris, avec un attention toute particulière aux détails qui font de chaque tirage un objet reconnaissable et précieux.

 

Instinct : Quelle est la patte artistique, la signature de Schéma ? Est-ce que tous les artistes présentés seront dans la même veine ?

Vassili Brault : Schéma fonctionne sur un principe de collections, comme une conversation de visuels avec ses médiations, ses résonances. Le choix des images, des procédés, de l’encadrement est propre à chaque collection. D’une collection à l’autre ensuite, il peut y avoir des artistes déjà édités ou des nouveaux, mais c’est une nouvelle conversation qui s’engage, avec un nouveau sujet, une nouvelle approche.

 

Instinct : Quelles valeurs souhaites-tu transmettre et partager ?

Vassili Brault : Le temps surement, celui de l’errance, celui des erreurs et des réajustements. Je pense que tout nous imprègne, qu’il ne faut jamais rien jeter. Il y a une sorte d’obligation de résultat aujourd’hui, une course à l’immédiateté. C’est la source de beaucoup de névroses pour ceux qui ne fonctionnent pas comme cela, c’est comme un objectif impossible à atteindre.

C’est une sorte d’écran de fumée aussi je crois, une course folle qui nous permet d’éviter l’essentiel. Il faudrait pouvoir accepter que certaines choses prennent une vie, comme apprendre à rester curieux, apprendre à rester vivant.

Dès la semaine prochaine, 3 nouveaux artistes rejoindrons la collection. 

Schéma Paris - Collection n°1

Schéma – Collection n°1

http://www.schema.paris/ 

 

Noémie Goudal au Bal

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Le Bal présente la première exposition monographique en France consacrée à Noémie Goudal. Devant ses photographies, aussitôt happé par la beauté de ces visions à l’étrangeté onirique, le regardeur hésite un peu : rêve ou réalité ? Avant d’être mis sur la voie par un détail, un câble, une imperfection… L’artiste façonne des structures de papier qui, par la magie de la surimposition photographique, deviennent sphères cosmiques, observatoires improbables comme posés sur l’eau, architectures grandioses dans des lieux déserts. S’attarder longuement sur les trucages apparents ne vient pas à bout de la force hallucinatoire de ces images, tant c’est l’imaginaire humain dans toute son étendue qui est ici à l’œuvre.

Exposition Noémie Goudal, 12.02.2016 – 08.05.2016

Le Bal, 6 Impasse de la Défense, 75018 Paris